Les résultats d’une enquête inédite sur la pratique du breton et du gallo font apparaître une relative stabilité du nombre de locuteurs et un attachement certain à ces langues de Bretagne.
Les résultats d’une vaste enquête menée en juin dernier sur la pratique actuelle du breton et du gallo ont été dévoilés, jeudi. Une enquête inédite par son ampleur : plus de 8 000 personnes ont été interrogées sur les cinq départements de la Bretagne historique. La région Bretagne, qui mène depuis 2004 une politique en faveur des langues régionales, avait souhaité se doter de nouveaux éléments statistiques pour mesurer l’impact des politiques régionales menées dans ce domaine.
Un nombre de locuteurs stable
Cette enquête révèle un résultat plutôt surprenant : alors que l’on pouvait s’attendre à une baisse drastique du nombre de locuteurs du breton, celui-ci s’avère relativement stable. Environ 207 000 personnes déclarent en effet parler cette langue, ce qui représente 5, 5 % de la population bretonne. Un chiffre qui n’a que peu varié par rapport à un précédent sondage mené en 2009. « C’est un résultat inattendu, explique Fañch Broudic, chercheur et président du comité de pilotage. Les projections démographiques anticipaient plutôt une possible baisse du nombre de locuteurs d’environ 30 %. La visibilité du breton dans l’espace public explique peut-être en partie ce résultat ». Autre spécificité : la pratique du gallo, cette langue romane parlée à l’est de la Bretagne, a été évaluée pour la première fois. Ils seraient environ 191 000 locuteurs.
Des locuteurs âgés
Pas d’enthousiasme excessif toutefois : le nombre de locuteurs effectifs, c’est-à-dire les personnes qui continuent de pratiquer le breton régulièrement, a diminué de 8,5 % en 10 ans. Autre signe inquiétant pour l’avenir : 80 % des bretonnants ont plus de 60 ans ! Le mode de transmission de la langue a aussi beaucoup changé : alors qu‘auparavant on apprenait cette langue en famille ou dans son entourage proche, 90 % des locuteurs de 15-24 ans l’ont apprise à l’école. Parmi ces jeunes, un frémissement se fait sentir : « les taux de locuteurs jeunes, qui étaient quasi inexistants il y a 30 ans, augmentent sensiblement », remarque Fañch Broudic.
73 % des sondés pour l’enseignement du breton
L’enquête montre également l’attachement profond des Bretons à leur langue régionale : 73 % d’entre eux demandent notamment plus d’enseignement du breton à l’école. Aujourd’hui, près de 20 000 enfants sont scolarisés dans les écoles bilingues et Diwan : un chiffre en augmentation, qui ne suffira toutefois pas à inverser la tendance pour l’avenir. Armé de ces nouveaux chiffres, Loïc Chesnais-Girard, président de la Région, rencontrera le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, la semaine prochaine. Et pour cause : selon l’atlas de l’Unesco, le breton et le gallo figurent toujours au rang des langues « sérieusement en danger ».